GENRE : Recueil de nouvelles
ANNÉE : 1943
PAYS : France
NOMBRE DE PAGES : 222
Résumé :
* Le Passe-muraille met en scène « un
excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer
à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une
petite barbiche noire, et il était employé de troisième classe au
ministère de l'Enregistrement. » Type même du petit bonhomme falot, gris invisible, Monsieur Dutilleul va connaître des aventures parfaitement ahurissantes grâce à son don incroyable...
* Les Sabines : Une femme, ayant le don d'ubiquité, se multiplie autant de fois qu'elle le
souhaite et vit, grâce à ce don, tout un tas d'aventures à travers le monde...
* La Carte : La nouvelle est écrite sous la forme d'un journal intime, celui d'un
écrivain qui découvre avec stupeur que désormais, d'après un décret du
gouvernement, le temps de vie sera rationné pour économiser les vivres.
Chaque catégorie de population se voit allouer un certain nombre de
jours par mois selon son degré d'utilité ; les citoyens jugés indignes
de vivre normalement reçoivent une carte munie de coupons, un par jour
de vie. Les vieillards ne disposent que d'une semaine, les artistes de
deux, au grand scandale de l'écrivain. Très vite, un trafic de tickets se met en place qui pourrait bien modifier le temps...
* Le Décret : « Grâce à Dieu, lorsque, par la vertu d'un
décret, le monde eut vieilli tout à coup de dix-sept années, il se
trouva que la guerre était finie ».
* Le Proverbe : Lucien Jacotin, un élève de 13 ans, est classé depuis toujours parmi les
cancres de sa classe. Un soir, pendant le dîner, il se souvient qu'il a
oublié de faire son devoir de français. Son père, furieux, décide de
faire le devoir à la place de son fils...
* Légende poldève : Dans la ville de Cstwertskt, la demoiselle Marichella Borboïé, une
bigote scrupuleuse, élève avec générosité son neveu Bobislas, un bon à
rien qui va se révéler voleur, ivrogne et de mauvaise compagnie. Mais il
se trouve que le pays Poldève est en perpétuelle bisbille avec le pays
Molleton. La guerre éclatant entre les deux pays, l'abominable Bobislas est recruté parmi les
soldats au grand soulagement des gens du village et de sa tante qui s'en
croit débarrassée. Mais c'était sans compter sur l'intervention de la grande faucheuse...
* Le Percepteur d'épouses : « Il y avait dans la petite ville de Nangicourt,
un percepteur nommé Gauthier-Lenoir, qui avait du mal à payer ses
impôts. Sa femme dépensait beaucoup d'argent. » Après la fuite de
Mme Gauthier-Lenoir avec un lieutenant des équipages, le mari s'imagine
que sa femme a été saisie par le fisc... * Les Bottes de sept lieues : À
Montmartre,
une bande de six écoliers se retrouve devant la vitrine d'un bric à
brac où sont exposées des bottes avec une petite pancarte :
Bottes de sept lieues...
* L'huissier : Malicorne, un huissier de justice, membre du Ministère, n'est pas un homme excellent, mais il n'est pas pour autant mauvais. Il meurt pendant son sommeil. Arrivé au ciel, il est jugé, et on décide qu'on ne peut pas le laisser aller ni au paradis, ni en enfer.
On l'envoie donc sur Terre de nouveau, pour qu'il fasse une bonne
action qui lui permettra de se rattraper et d'aller au paradis. Malicorne parviendra-t-il à se faire ouvrir les portes du Paradis ?
* En attendant : « Pendant la guerre 1939-1972, il y avait à Montmartre, à la porte d'une épicerie de la rue Caulaincourt, une queue de quatorze personnes ». Pour passer le temps, elles évoquent leur vie difficile pendant la guerre.
Mon avis :
Des nouvelles assez inégales mais toutes empruntes d'un fantastique proche de la réalité.
Aymé fait planer sur l'ensemble de ces nouvelles le spectre de la guerre qui nous donne cette double vision : un monde fantastique au sein de notre propre monde, ce qui nous amène plus facilement à nous poser des questions sur ce fantastique, pas si fantastique que ça... On se délecte de mots inusités aujourd'hui et qui font sourire. On apprécie l'imaginaire foisonnant de l'auteur.
J'ai beaucoup apprécié certaines nouvelles comme
Les Sabines,
La Carte ou
Le Décret qui décrivent des situations farfelues mais qui questionnent justement des éventualités en poussant le vice jusqu'à l'extrême. Comment cela se passerait-il si un être humain était doté du don d'ubiquité et se mariait plusieurs milliers de fois, partout à travers le monde ?
Que se passerait-il si le gouvernement décidait que certaines personnes ne méritent pas de vivre trente jours par mois ? Un trafic de tickets s'organiserait sans doute pour vivre plus longtemps...
Que se passerait-il si un décret entérinait un bon dans le temps de 17 ans ?
Suite aux quatre premières nouvelles, j'ai été relativement déçu par les suivantes, bien en dessous à mon goût. Seule la dernière,
En attendant, a trouvé un véritable intérêt à mes yeux, racontant la vie parisienne en 1943, au plein cœur de la guerre.
Lettre "A" - le 09/01/2016