lundi 1 août 2011

Antigone - Sophocle

GENRE : Théâtre
ANNÉE : 442 avant J.C.
"NATIONALITÉ" : Grèce antique
NOMBRE DE PAGES : 80

Mon résumé :
Antigone, fille incestueuse d'œdipe et Jocaste, vient de perdre ses frères lors d'un combat meurtrier. Le roi de Thébes, Créon, a accepté d'offrir une sépulture décente à l'un d'eux, Étéocle, défenseur de sa cité mais la refuse à Polynice, traître ayant attaqué sa terre patrie. Antigone demande alors à sa sœur Ismène, si elle accepte d'enterrer Polynice à ses côtés, car elle est bien décidée à ne pas se laisser dicter les lois par la politique, mais à suivre les lois des dieux, et à respecter sa famille coûte que coûte. Ismène refuse. Antigone se laisse seule aller au danger de transgresser les lois des hommes...

Mon avis :
Merci déjà à Florence Dupont, la traductrice de cette édition, qui a rendu du théâtre classique lisible sans se poser de questions, traduction qui, comme le dit la quatrième de couverture : « est philologiquement exacte et d'une limpidité parfaite. Plus rien de ce côté fumeux qui caractérise trop de traductions classiques. » C'était d'une limpidité à toute épreuve et j'ai pris grand plaisir à la dévorer en à peine trois jours.

Le sujet m'a beaucoup plu, ayant toujours été touché par le parcours d'œdipe. Et le courage d'Antigone, désirant donner une sépulture décente à son frère défunt, m'a beaucoup touché également. Elle s'est battue seule contre l'avis de tous, elle a fait primer les lois divines sur les lois humaines, elle a refusé de suivre les règles établies par son oncle Créon, le nouveau souverain, a pris le risque de se voir reniée par son promis, Hémon, fils de Créon, pour rendre un hommage légitime à son frère et ne pas déshonorer sa famille.

Merci également à Sophocle d'avoir rendu les liens familiaux et privés entre les personnages lisibles, ce qui n'est pas toujours le cas dans des pièces traitant de la mythologie. J'ai pu ainsi raccrocher le drame de Médée à cette pièce d'Antigone de par les liens de famille et cela m'aide beaucoup dans la compréhension de nombre d'œuvres classiques que j'ai lues et que je lirais encore à l'avenir.

Un sujet très beau et très juste, que je trouve encore tellement d'actualité aujourd'hui, plus de 2000 ans après son écriture. Bien sûr la fin ne laisse rarement de suspence, les méchants sont toujours punis. Les dieux sont implacables... Cependant, un autre remerciement à Sophocle : ne pas faire intervenir directement les dieux, mais les laisser prendre une place secondaire. On les nomme, on les prend à témoin, ils se vengent, mais tout cela en arrière-plan et je trouve que cela évite pas mal de choses que je trouve souvent pompeuses.

Je pense que cette pièce va être une vraie impulsion dans mes lectures et ma pratique théâtrale. J'ai enfin compris comment fonctionnait dans le détail le théâtre antique, et ait appris du vocabulaire bien nécessaire à ma formation.

Je vous laisse une petite citation d'Antigone que j'ai trouvée sublime :
« Si j'avais été mère de famille,
Si c'était mon mari qui était mort ainsi,
Je ne me serais pas imposé cette épreuve,
En m'opposant violemment aux citoyens.
Qu'est-ce qui me fait parler ainsi ?
Une veuve peut se remarier,
Et si en outre elle a perdu ses enfants,
Elle peut en avoir d'autres d'un autre homme.
Mais un père, une mère, enfermés dans leur tombe,
Ne peuvent plus me donner de frère. »

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