dimanche 2 février 2014

Les Armoires vides - Annie Ernaux

GENRE : Autobiographie
ANNÉE : 1974

PAYS : France
NOMBRE DE PAGES : 182


Résumé :   

Denise Lesur a vingt ans. Enceinte jusqu'aux dents, elle se rend chez la faiseuse d'ange pour avorter. Ses parents, tenanciers d'un café-épicerie ne l'accepteraient pas, la traiterait de « carne », de mauvaise fille. Cet avortement est alors prétexte a un retour dans le passé, dans une enfance et une adolescence difficiles, marquées par la honte de ses parents, de son milieu social et la volonté, toujours plus grande, de s'élever.
Un roman âpre, pulpeux, celui d'une déchirure sociale.

Mon avis :  
Premier roman d'Annie Ernaux et pas des moindres ! J'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de cette jeune fille, perdue, qui cherche par tous les moyens à s'extirper de sa malheureuse vie de fille d'épiciers-cafetiers, de s'évader. La honte se fait de plus en plus tenace, l'envie de s'élever socialement et d'envoyer bouler cette triste vie faite de clients saoûls, de parents expéditifs, pressés, de repas pris sous les yeux des clients, de railleries des camarades de classe... La petite échoppe de la rue Clopart n'a pas bonne presse auprès des jeunes gens de l'école, ce qui est prétexte aux railleries diverses, enfants mais aussi enseignants. La petite Ninise est cataloguée, rejetée. Sa revanche arrive alors : elle va se battre et s'élever. Peu à peu, elle se met à « rentrer dans le moule ». Première de la classe, elle se met à détester le café-épicerie, ses parents, son milieu social.

L'écriture est parfaite. Simple mais claire. Beaucoup de répétitions, de retours au même sujet mais toujours d'une manière différente nous permettant ainsi de ne pas se lasser et de suivre la déchirure sociale que vit cette jeune fille de l'intérieur, ressassant sans fin les contours de sa vie. On est sincèrement touché par cette histoire et comment ne pourrait-on pas l'être ? Cette force de l'écriture et du récit que possèdent Annie Ernaux, qui évoque sa propre enfance et ses propres souvenirs, ne peut que nous toucher.

De magnifiques moments également d'évasion, de pensées folles, de rêveries et désirs d'enfant comme je les affectionne tout particulièrement, qui font sourire, peuvent émouvoir et dont suivra ci-après un extrait. Et la sublime façon qu'a Annie Ernaux, tout en finesse, de nous faire passer d'une enfant heureuse à une adolescente frustrée, honteuse, dure, passée par le prisme de l'école.

Je recommande ce livre à tous les amateurs de récit (tout est écrit d'un seul bloc) et d'autobiographie. On est réellement emporté. Et on ne décroche qu'au dernier mot, repu, joyeux et triste tout à la fois.

Bonne lecture à vous. Voici un extrait qui m'a fait sourire et ému. :
« L'église, je n'ai jamais vu de plus belle maison, plus propre. Si on pouvait y manger, y dormir, y rester tout le temps, faire pipi. On aurait chacun un grand banc pour s'étendre, on ferait du vélo dans les allées, on jouerait à cache-cache derrière les colonnes. Il n'y aurait que des copines et des garçons en robe blanche qui nous habilleraient, nous donneraient à manger, s'allongeraient près de nous... »



Lettre "E" - le 02/02/2014

 https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlFPQMDNOfymHSqPilBeOgz-3K95U7qQvQ6jvLtuU-fAtSRHEIAAcWYHDRkT6qMlQefGh2osCOG8UY8Ib4h5C4rtufNKdTiL91ZUTKb1xFJx6mL1IpUVdl_L3lz77GsTNGcOnqUjx3eVO0/s320/banni%C3%A8reABC2014.jpg

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire