samedi 2 janvier 2016

Où on va, papa ? - Jean-Louis Fournier

GENRE : Récit biographique
ANNÉE : 2008
PAYS : France
NOMBRE DE PAGES : 155

Résumé :   

« Cher Mathieu, cher Thomas,
Quand vous étiez petits, j'ai eu quelquefois la tentation, à Noël, de vous offrir un livre, un Tintin par exemple. On aurait pu en parler ensemble après. Je connais bien Tintin, je les ai lus tous plusieurs fois.
Je ne l'ai jamais fait. Ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire. Jusqu'à la fin, vos cadeaux de Noël seront des cubes ou des petites voitures...
»
Jusqu'à ce jour, je n'ai jamais parlé de mes deux garçons. Pourquoi? J'avais honte? Peur qu'on me plaigne?
Tout cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c'était pour échapper à la question terrible:
« Qu'est-ce qu'ils font? » 
Aujourd'hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j'ai décidé de leur écrire un livre.
Pour qu'on ne les oublie pas, qu'il ne reste pas d'eux seulement une photo sur une carte d'invalidité. Peut-être pour dire mes remords. Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d'ange, et je ne suis pas un ange.
Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler d'eux avec le sourire. Ils m'ont fait rire avec leurs bêtises, et pas toujours involontairement.
Grâce à eux, j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu'ils feraient plus tard, on a su rapidement ce que ce serait: rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j'ai bénéficié d'une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j'ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.


Mon avis :  
Difficile... Très difficile de commenter ce récit. Je suis extrêmement partagé.
Comme on peut le deviner dans le résumé, le ton est extrêmement corrosif là où l'on s'attendrait à un ton plus compatissant. Les termes sont durs, violents. Le sujet est souvent traité avec humour, un humour noir poussé parfois à son paroxysme. J'ai été quelque peu désorienté, en particulier au début. J'en suis venu à me demander si cette autobiographie ne tient pas plutôt du roman, si l'auteur n'a pas poussé le vice de son récit quelque peu trop loin...

Page 47, Jean-Louis Fournier nous donne l'indice qu'il nous manquait : « Tu n'as pas honte, Jean-Louis, toi, leur père, de te moquer de deux petits mioches qui ne peuvent même pas se défendre ? Non. Ça n'empêche pas les sentiments. »
Plus on poursuit la lecture, plus on déchiffre l'émotion derrière la colère, derrière l'humour, et plus le propos se fait clair. Je lis un récit emprunt de vérité, ne revêtant aucun fard, aucune cachotterie. Tout est dit. La vie d'un père d'enfants handicapés avec tout ce que cela comporte. Avec les questions qu'on se pose sans cesse, avec les émotions qu'on ne laisse pas sortir, avec les idées malsaines qui passent par la tête...

Un livre avec beaucoup de redites, de répétitions, de passages d'une idée à une autre, du coq à l'âne, comme si parfois, l'auteur tournait en rond. Un critère de plus pour valider la véracité des propos. Pour valider, surtout, la posée des tripes d'un père sur sa table d'écriture.

Un livre à lire, bien sûr. Et à compléter par les informations et les photos de la maman sur son site : http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr. Une pensée pour Mathieu et Thomas, deux petites flammes.

Extrait :
« [...] On aurait bien voulu le défendre [Mathieu] contre le sort qui s'était acharné sur lui. Le plus terrible, c'est qu'on ne pouvait rien. On ne pouvait même pas le consoler, lui dire qu'on l'aimait comme il était, on nous avait dit qu'il était sourd.
Quand je pense que je suis l'auteur de ses jours, des jours terribles qu'il a passés sur Terre, que c'est moi qui l'ai fait venir, j'ai envie de lui demander pardon. » (p.18-19)



Lettre "F" - le 02/01/2016


1 commentaire:

  1. Je ne connaissais pas ce roman, ni l'auteur. Je passe mon tour, je n'aime pas les romans "corrosif".

    bises, nanet

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